Elémentaire mon cher... Lock Holmes (Thom Eberhardt)

note: 5L'art de déduire par le rire!Anonyme - 9 juillet 2016

Attiré par ce titre qui semble jouer avec les mots aussi bien qu’avec les éléments du Canon, tout holmésien non averti risque de frôler la crise de nerf : Holmes (Michael Caine) ne serait qu’une invention du docteur Watson (Ben Kingsley) !!
Bien sur ce serait oublier que tout holmésien digne de ce nom possède un sens de l’humour bien aiguisé. En effet, bien que le postulat ( Holmes n’est qu’un personnage interprété par un acteur raté attiré par les femmes et l’alcool) n’ait rien de canonique, cette comédie est particulièrement réussie.
Le rythme de la mise en scène, les décors, les costumes, les dialogues, le scénario, la musique… tous ces éléments contribue à ce succès. 102 minutes pendant lesquelles on ne s’ennuie vraiment pas.

L’histoire : Sherlock Holmes est congédié par le docteur Watson qui ne tarde pas à le rappeler pour élucider le mystère de la disparition des plaques de monnaies.
Dès les trois premières minutes, nous sommes plongés dans cette supercherie : Holmes et Watson se retrouvent seuls après le départ de Lestrade. Watson, furieux, s’écrie : « sombre idiot, pauvre et sombre idiot ». A Holmes de répliquer (avec la voix d’un enfant qui se fait disputer sans savoir pourquoi) : « mais pourquoi qu’est-ce que j’ai dit ? [… ] j’ai répété exactement ce que vous m’avez dit !»
Ces répliques ne sont pas envisageables dans le monde holmésien réel ! Et pourtant, elles vont peu à peu prendre tout leur sens.
Imaginez un Holmes alcoolique, coureur de jupon, cupide, maladroit, approximatif, fainéant et dépourvu de tout esprit logique ! Et bien oui c’est possible grâce au talent de Michael Caine qui excelle dans ce rôle face à un Watson, « docteur en criminologie » au sens de l’autorité aussi affûté que sa moustache. Même leurs silhouettes semblent avoir été inversées : Watson est mince et Holmes « disons… bien en chair, costaud»
L’utilisation abusive de la pipe calebasse et du deerstalker en devient presque rassurante pour le spectateur holmésien ! (et je pèse mes mots !)
Un film holmésien n’en serait pas un sans la présence d’une Mme Hudson (qui, ici, méprise fortement Holmes), d’un wiggins (toujours aussi rusé et habile), d’un inspecteur Lestrade et d’un professeur Moriarty (dont Arti Morty serait le vrai nom ?!) , tous deux fidèles à eux-mêmes (l’un dans sa bêtise et l’autre dans sa cupidité machiavélique).
Plusieurs scènes et répliques sont vraiment excellentes : « Holmes, sweet Holmes ! », « entre nous, je vous aimais bien quand vous étiez un lâche ».
Le Holmes hystérique frôlant la crise d’angoisse à l’évocation du nom de « Moriarty » ressemble étrangement à celui de la BD « Baker Street » de Barral et Veys.
Ma scène préférée reste celle où Holmes doit observer un cadavre tout juste sorti d’un lac et donner son avis : il le touche à peine du bout d’une branche et affirme : « Oui je ne changerai pas d’opinion. Cet homme est mort. Je suis catégorique ». Le rire qui nous envahit nous fait alors oublier que le VRAI Holmes se serait précipité sur le sol pour observer, sentir, toucher afin de déduire quelque chose de réellement pertinent.

La pochette du dvd m’avait bien prévenue : « Entre suspense et humour noir, découvrez toute la vérité et rien que la vérité sur le détective le plus légendaire du royaume d’Angleterre ».
La place de cette comédie dans une bibliothèque holmésienne est plus que légitime.
Ce n’est que mon modeste avis.